Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary - Philippe Doumenc

Philippe Doumenc a de l’appétit et pas froid aux yeux. Puisqu’il sait que Madame Bovary avait probablement été inspiré par un fait divers, il s’empare de la célébrissime histoire racontée par Flaubert pour travailler une tout autre hypothèse.

24 mars 1846 : Emma se meure et elle n’avait pas encore vingt-six ans. Dès le lendemain, une enquête est lancée, jetant deux policiers sur les chemins glacés de Yonville, en Normandie. Depuis l’autopsie jusqu’aux recherches d’indices autour de la petite ville, en passant par les auditions des suspects (qui se révèlent nombreux !), Rémi, le jeune policier rouennais, entraîne le lecteur vers la thèse sans équivoque de l’assassinat, au détriment de celle du suicide.

Parant les personnages de couleurs souvent très vives, donnant un rythme soutenu à sa plume, excellant dans le montage d’un décor extrêmement visuel, Philippe Doumenc donne non seulement un relief nouveau au chef-d’œuvre de Flaubert en ne le dénaturant pas, mais aussi convoque une écriture accomplie et brillante, parfaitement dans le ton de l’époque.

« Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains » écrivait Flaubert. Philippe Doumenc prouve par ce roman qu’on peut s’attaquer aux plus grands tout en ne les détroussant pas, que le mythe d’Emma Bovary valait qu’on retourne s’y plonger, et que la littérature est une source inépuisable d’imagination.