Un vent glacé et fétide souffle sur le village de Ropraz, rappelant immédiatement les relents qui enveloppent la Transylvanie, le comte Dracula, et tous les personnages et fantasmes qui y furent associés.

Un monstre, violeur de cadavres et nécrophage, a souillé 3 corps de jeunes mortes dans leur cercueils.

A partir d'une histoire vraie terrorisant le Pays de Vaud aux premières heures du 20^ème siècle, Jacques Chessex restitue l'image d'une époque et surtout d'une région : miséreuse et rurale, peu favorable à la justice dans ce qu'elle a de plus noble, soumise à la peur, prompte à l'accusation comme à la condamnation à mort, même si celle-ci n'est pas légalement prévue.

Dans l'attente angoissée de la découverte du coupable, les plaies ataviques de la population suppurent généreusement : isolement, pauvreté, alcoolisme, inceste, superstitions dans un fatras tel qu'on n'y distingue plus si clairement les causes des conséquences.

Jacques Chessex sait que les thèmes qu'il évoque exercent une troublante fascination, la même que celle qui manipule les habitants de Ropraz et environs, la même que celle qui jette les lecteurs de presse d'hier et d'aujourd'hui sur les pires faits divers. L'érotisme et la mort flirtent, se cherchent... et se trouvent.

Tout fait divers peut-il faire un roman ? Oui, à coup sûr, même quand celui-ci date de plus d'un siècle. Et l'exercice est digne d'intérêt lorsque la fiction déborde franchement les protagonistes, les actes et les dénouements pour remettre en question les repères moraux et les comportements afférents.

Le vampire de Ropraz - Jacques Chessex

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