Intrigue à l'anglaise - Adrien Goetz

L'histoire de

la Tapisserie

de Bayeux est tellement touffue et parsemée de curieuses énigmes (l'histoire de sa genèse comme celle de sa traversée des siècles) qu'Adrien Goetz n'a eu visiblement aucun mal à y prélever la moelle de son Intrigue à l'anglaise.

L'intrigue n'est d'ailleurs pas unique mais plurielle dans ce roman qui se gonfle au fil des chapitres de bifurcations, de nœuds, de tiroirs et de rebondissements multiples.

L'Histoire, notamment celle de l'art, matériau fétiche de l'auteur, est revisitée ici à trois moments essentiels : au XI ème siècle, lorsque Guillaume le Conquérant débarque à Hastings et inspire la création de la Tapisserie, au début du XIX ème siècle, lorsque Napoléon fait venir la Tapisserie au Louvre, et au milieu du XX ème, avec les folies hitlériennes. Un point commun à ces échantillons historiques habilement analysés et mis en résonance par l'auteur : le rêve de conquérir l'Angleterre.

Que le lecteur ne s'inquiète pas de trouver un côté poussiéreux ou quelques opacités tenant au sujet : l'écriture est alerte, le rythme très rapide, et les personnages modernes, sympathiques et non dénués d'humour. Pénélope, jeune conservatrice du patrimoine fraîchement nommée à Bayeux, et Wandrille, son ami journaliste, tissent, rembobinent, et dénouent les fils de la broderie-chef-d'œuvre sans temps morts.

Qu'importe les libertés qu'Adrien Goetz prend (peut-être) avec l'Histoire, car il a l'honnêteté intellectuelle de citer ses sources (cf l'impressionnante bibliographie en fin d'ouvrage) et on est parfaitement disposé à croire que les faits les plus invraisemblables soient aussi les plus réels.